Quand disons-nous ‘Non’ ? Quand disons-nous ‘Oui’ ? Dire ‘Non’ est un signe d’égoïsme ou un signe de force ? Inversement, dire ‘Oui’ est un signe de faiblesse ou un signe de générosité et de compassion ?
Devons nous nous poser des limites et si oui, comment ? Certains disent que les limites sont essentielles, car nous devons prendre soin de nous en premier lieu. Ils disent que savoir refuser quelque chose poliment est un signe de force.
Mais d’autres diront que ses limites sont essentiellement égoïstes. Si quelqu’un n’est pas bien, n’avons nous pas le droit de montrer un peu de compassion au lieu de le laisser seul ? Comment pouvons-nous nous qualifier d’ami si nous refusons une demande de quelqu’un dans le besoin ?
Et si les deux parties avaient raison ?
Le papillon et la chrysalide
La métamorphose de la chenille en papillon est une chose relativement obsédante – elle fait appel à quelque chose de primitif en nous : une promesse de renaissance.
Lorsque vient le moment, la chenille se protège du monde, enveloppé dans une chrysalide. Protégé à l’intérieur, elle se développe et se renforce jusqu’au jour où elle sera prête à émerger comme un être nouveau, entier et fort. Quand ce jour viendra, elle abandonnera sa protection, car elle n’en aura plus besoin.
C’est peut-être cela la leçon. Il y aura un moment où nous devons fixer nos limites, de nous donner un espace sécurisé à chérir, nous permettant de nous renforcer, de guérir. Et il viendra un jour où il nous étouffera. Ce jour, nous devrons l’assouplir ou l’enlever complètement.
Pour beaucoup d’entre nous, le voyage du développement personnel commence avec des limites que nous voulons surmonter. Pour beaucoup, ces limitations sont des faiblesses – la souffrance émotionnelle et l’instabilité, la peur, un immense besoin de l’approbation des autres, une hyper-sensibilité… D’autres peuvent être victimes de violence psychologique ou physique. D’autres estiment qu’ils ne méritent rien de bon dans la vie. Les résultats sont les mêmes – une incapacité à définir une limite. Une fleur constamment piétinée, un bébé négligé – comment peuvent-ils s’épanouir ?
Le premier type de personne envers qui nous mettons en place des limites sont les personnes critiques, violentes, négatives. Certains pourraient avoir de bonnes intentions; beaucoup non. D’autres “attaquent” à cause de leur propre malheur; ils critiquent pour apaiser leur propre douleur, pour se sentir mieux sur ce qu’ils sont.
Sans la capacité de mettre leurs observations en perspective, même la critique bien intentionnée peut altérer notre estime de soi. Rappelez-vous, personne ne peut vous faire sentir inférieur sans votre permission. (Eleanor Roosevelt)
La deuxième catégorie concerne ceux qui puisent dans vos ressources, votre temps. Il existe d’innombrables facteurs à prendre en compte ici – il est impossible de faire une déclaration générale. Pas toutes les demandes, par exemple, sont injustes et intrusives. Certaines pourraient être fatigantes, non désirées mais vous avez l’obligation de les respecter.
La générosité est une vertu – mais il est déconseillé de donner ce que nous aurions besoin pour nous-mêmes. Il est souvent maladroit de donner quelque chose si nous avons une arrière pensée, une frustration juste après l’avoir fait.
Pourquoi ? Nous avons confondu la véritable compassion avec la mascarade. Nous avons confondu la compassion née de la force avec une pâle imitation née de la faiblesse. Pour beaucoup, le don ne vient pas de la générosité ou l’altruisme – au contraire, il s’agit du plus grand égoïsme !
On donne, parce qu’on veut que l’autre nous aime. Un autre donne, car il voit son temps, sa valeur intrinsèque comme moins importante. Et la “haine” de soi n’est qu’une autre forme de l’égoïsme. Alors, il continue à donner, arborant un sourire peint sur leur visage – tout en ne pensant qu’à eux-mêmes, de la façon dont les autres les voient.
Derrière cette mascarade
Quand on porte un masque, il y a toujours un danger de faire face à la colère et la frustration. L’égoïsme se cache toujours derrière une façade – on craint toujours le jugement des autres, se demandant toujours quand nous allons obtenir quelque chose en retour.
J’ai passé beaucoup de temps derrière cette mascarade – en donnant toujours, même quand je ne voulais pas. Donner même quand j’étais malade ou fatigué, en ayant toujours peur de la désapprobation. Et quand les critiques et les abus inévitables venaient, j’étais en pièces.
En plus, j’avais trop peur de demander des faveurs en retour. Personne ne semblait prendre le même soin que moi à satisfaire les autres. Peu à peu, la colère et la frustration ont commencé à se construire. La colère quand ils ne renvoyaient pas l’ascenseur. La frustration quand je n’étais jamais capable de dire non.
Beaucoup de gens encouragent ce comportement. Ils se considèrent comme un martyr noble, peut-être une victime. Il y a des moments où la distinction entre la compassion et l’égoïsme déguisé est difficile à faire.
Prenez, par exemple une mère qui se sacrifie pour ses enfants tous les jours. Lequel est-ce ? Compassion ou égoïsme déguisé ? Seulement elle le sait. Imiter la compassion est différent de la sentir et elle seule sait ce qu’elle ressent. Pourrait-elle mieux servir ses enfants en prenant du temps pour se nourrir ?
Les limites peuvent prendre de nombreuses formes différentes, mais à la base, une limite implique de simplement dire Non. Non à donner quelque chose; de se comporter d’une certaine manière; de ne pas être traité d’une manière qui nuira à vos valeurs.
Les limites personnelles peuvent venir dans tous les aspects de la vie – physiquement, émotionnellement, mentalement. Vous protégez votre corps; vous vous protégez de la fatigue et du stress. Vous protégez votre temps, votre argent et votre vie privée. Vous protégez votre droit au respect.
Une bonne limite respecte toutes les parties concernées; elle est claire, ferme, et non agressive. Alors que vous commencez à vous protéger et vous défendre, vous serez probablement surpris de la façon dont le monde commence à vous traiter.
Certains ont du mal à voir l’importance de se nourri avant de nourrir les autres. C’est pourtant une vérité commune – vous ne pouvez pas donner ce que vous n’avez pas.
Si vous regardez de près, les frontières sont essentiellement égoïste – mais elles sont nécessaires. Poussez doucement ces limites, testez-les, et quand vous sentez la force d’avoir trouvé votre paix, votre puissance tranquille, détachez-vous tranquillement de leur emprise jusqu’à ce jour où vous n’en aurez plus besoin.